Skip to main content

Cap sur la liberté : L’héritage des Freedom Ships dans la région des Grands Lacs 

Par : Jeff Hubbell, Archiviste d’entreprise, PortsToronto 

Saviez-vous que les ports de la région des Grands Lacs – y compris celui de Toronto – ont joué un rôle dans le mouvement antiesclavagiste? Avant la guerre de Sécession, il arrivait que des personnes empruntant le « Chemin de fer clandestin » voyagent à bord d’embarcations appelées Freedom Ships, les « bateaux de la liberté ».   

Épave du navire de la liberté « Home ». L’ancienne goélette « Home » était l’un des Freedom Ships qui naviguaient sur les Grands Lacs. Elle a été accidentellement coulée lors d’une collision dans les années 1850, une dizaine d’années avant la guerre de Sécession.

Le Chemin de fer clandestin était un réseau géré par des femmes et des hommes courageux qui risquaient absolument tout, y compris leur vie, pour aider des esclaves fugitifs du sud des États-Unis à se rendre au Canada sans encombre.     

Une fois que les esclaves en fuite atteignaient la frontière après avoir passé des semaines à marcher, courir et se cacher, il leur fallait encore traverser les eaux profondes des mers et voies navigables intérieures d’Amérique du Nord.    

C’est là qu’intervenaient les Freedom Ships. La plupart étaient des navires ordinaires – généralement des goélettes fiables utilisées dans la région des Grands Lacs au 19e siècle, ou encore des bateaux à vapeur plus rapides et plus grands – dirigés par des maîtres pilotes extraordinaires et des équipages prêts à les suivre. Au 19e siècle, il y avait beaucoup de personnes noires à bord de ces bateaux : elles y travaillaient habituellement comme membres d’équipage, mais pouvaient aussi en être capitaines ou propriétaires. Des dispositions avaient été prises dans plusieurs ports américains pour faire en sorte que ces bateaux puissent embarquer des marchandises ordinaires et leurs « subrécargues » clandestins – les fugitifs.   

Peinture du marché aux poissons près de St. Lawrence, « Fish-Market, Toronto (1838) », 1841, par W.H. Barlett

L’une des voies maritimes importantes reliait Rochester à Toronto. Le port de Toronto n’était toutefois pas le principal point d’entrée des chercheurs de liberté au Canada, car les traversées courtes comme celle de la rivière Détroit étaient privilégiées. Cependant, le statut de capitale provinciale de la ville et sa taille relative amenèrent de puissantes sociétés abolitionnistes ainsi que d’anciens esclaves et leurs sympathisants à s’établir à Toronto, notamment aux environs de St. Lawrence Hall, où ils étaient en mesure de mobiliser les ressources nécessaires pour aider les nouveaux arrivants.  

Photographie du marché St. Lawrence, North Market, 1898

Les personnes qui arrivaient par bateau débarquaient généralement à Maitland Wharf ou Helliwell’s Wharf, sur la pente située au sud de St. Lawrence Hall, le long de la ligne de côte de l’époque, qui passait derrière l’actuel St. Lawrence Market. Les renseignements sur les bateaux et les cargaisons qui arrivaient étaient dûment consignés par Hugh Richardson, capitaine du port de Toronto (ou par d’autres membres du personnel du Harbour Trust). Les esclaves évadés étaient généralement conduits jusqu’au Hall, où ils étaient pris en charge et se voyaient proposer un emploi rémunéré. Ensuite, il n’était pas rare qu’ils quittent la ville pour aller rejoindre des colonies de peuplement formées par des groupes de fugitifs arrivés avant eux, comme celles situées près de Collingwood ou Windsor.       

Les Freedom Ships finirent par cesser leurs opérations après le début de la guerre de Sécession, du fait de la réduction progressive des activités du Chemin de fer clandestin. On estime qu’au total environ 100 000 personnes accédèrent à la liberté grâce à ces navires, qui naviguaient non seulement sur les Grands Lacs et leurs voies interlacustres, mais aussi ailleurs en Amérique du Nord britannique.